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Fanny : - Tu vois, si j’étais restée dans le bouddhisme, je n’aurais jamais découvert le rebirth.
Anne : - Mais tu n’as pas l’impression que le rebirth n’est qu’une variante de principes bouddhistes, mis à la sauce occidentale ?
Fanny : - La respiration consciente, c’est bien autre chose que le zen.
Anne: - Pour l’instant, tout ce que tu m’as expliqué, j’ai l’impression de termes différents pour la même chose. Mais il est vrai que derrière la notion de zen on met tout et n’importe quoi ici.
Fanny : Peut-être que pour toi, qui vis au cœur du bouddhisme, tu retrouves des similitudes mais ce que j’ai connu était très superficiel.
Anne : - Entre Lille et Dharamsala, on peut comprendre que la vie soit différente, donc les motivations aussi.
Entre Karine, très pomponnée.
Karine : - Oh ! bonjour mesdames... je crois qu’on se connaît de vue sans jamais s’être rencontrées.
Anne et Fanny se lèvent. Karine s’approche.
Fanny : - Bonjour chère Karine (elles s’embrassent).
Karine : - Bonjour Fanny.
Anne : Bonjour Karine (elles s’embrassent).
Karine : - Bonjour Anne.
Fanny : - Alors, tu as aussi accepté de venir !
Karine : - Même s’il a répondu dans les médias qu’il ignorait mon invitation, je crois qu’il souhaite que l’on se reparle (Anne sourit et Karine s’en aperçoit). Ce n’est pas vrai ?
Anne : Si tu es venue avec l’intention de lui parler, tu lui parleras sûrement.
Karine : - C’est bizarre, j’ai l’impression de vous connaître... Théo a tellement mis de nos vies dans ses romans et pièces de théâtre.
Fanny : - C’est toujours surprenant, la manière dont il traduit les choses. Tu te reconnais, toi, Anne, dans ton personnage ?
Anne : Tu sais bien que mon personnage est un peu spécial, il m’a quand même cru morte durant ses vingt premiers livres. On s’est amusé, encore cette nuit, à relire certains des passages me concernant. Et c’est sûrement la force du roman de parfois tomber juste.
Karine : - Tu... tu veux dire que tu étais avec Théo cette nuit ?
Anne, en souriant : Depuis quelques semaines nous sommes plus proches qu’on ne l’a jamais été.
Karine : - Tu veux dire que c’est la grande histoire d’Amour qu’il a fantasmée, celle que vous auriez vécu s’il ne t’avait pas cru morte ?
Anne : Non... c’est sûrement... Théo m’avait conseillé de faire attention quand je répondrai aux journalistes, c’est un bon entraînement... c’est sûrement une conséquence de mon incapacité à mentir depuis que je suis sortie du brouillard. On s’était dit « c’est notre secret »... il sait que je repars, il sait que ma vie est là-bas et que la sienne est ici, enfin, en Occident.
Karine : - Je ne crois pourtant pas s’il soit un homme occidental classique.
Anne : Tu veux dire ?
Karine : - Quand je l’ai vraiment connu, il vivait quand même comme un... sauvage. Oui, il faut dire le mot, dans un de ces taudis. Si vous aviez vu sa maison ! Quand j’ai vu les photos des journalistes qui t’ont retrouvée, dans ton abris à même le sol, ça m’a fait penser que vous devriez bien vous entendre, sur ce point-là.
Anne : Les conditions matérielles n’ont rien à voir là dedans.
Silence
Fanny : - Ça t’avait vraiment choqué alors !
Karine : Pour une fois, il n’a pas exagéré. Il était même en dessous de la vérité. J’avais eu un haut le cœur, une envie de fuir. Je m’étais déjà interrogée en lisant sa pièce de théâtre où il décrivait l’arrivée d’un jeune couple dans un bordel monstre, je redoutais que le décor soit du vécu... Mais là... Comment peut-on vivre ainsi ?
Fanny : - On vit partout.
Karine, à Anne : - Tu vis vraiment comme sur les photos qu’on a vues ?
Anne : Au village, là-bas, oui, comme tout le monde. Quand tu as des responsabilités, même simplement de Lama, quand tu montres la voie, tu ne vas pas vivre autrement que le reste de la population. Personne n’en aurait envie.
Karine : - Mais pourquoi tu ne restes pas en France alors, tu pourrais y enseigner. En plus tu as la nationalité française. Et Théo maintenant a les moyens de t’offrir une maison décente.
(...)
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