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Anne, à voix basse mais audible : - Amour... Oui, on vient juste d’être prévenu... Le conseiller a dit à Fanny qu’il s’était passé un truc grave mais on n’en sait pas plus... Quoi !? (elle porte sa main gauche à la tête... le plus discrètement possible Karine s’approche) Théo... tu sais bien... On en a parlé... Je viendrai parfois... Tu viendras aussi... Théo, je ne choisis pas entre ces deux choix... Nous savons ce qui est possible et ce qui ne l’est pas... Ce fut merveilleux mais tu sais que ma vie... Tu sais que ça me fait mal... Théo... elle et toi vous jouez... Stop Théo, je ne joue plus ! Tu viens de t’isoler pour ton « soit on vit ensemble soit je pars à New York avec elle » et pendant ce temps-là, tu crois pas qu’elle téléphone à son mari pour lui proposer « soit tu acceptes je ne sais pas quoi, soit je pars à New York avec lui »... Vous êtes deux grands enfants, Théo... Je te connais quand même... Mais tu te rends compte que tu as déclenché une affaire d’état juste pour me dire que tu m’aimes plus que tout... Théo, je sais pas... je sais plus... Si t’avais voulu te faire un coup de pub gigantesque, tu n’aurais pas trouvé mieux ! Les téléphones portables ont dû bien fonctionner ! Je suppose que tu dois déjà tourner en boucle sur le net, arrivant main dans la main avec madame la première dame de France... Oui, j’arrive mais ça ne veut pas dire OUI pour tout... Je t’Aime... (Anne raccroche)
Anne, regardant Fanny et Karine qui sourient : - Je vous laisse... Je ne sais pas si vous avez entendu... Je vous résume, qu’au moins ce ne soit pas les médias qui le fassent : Théo et madame la première dame de France étaient sur le point de prendre l’avion pour New York... Elle quittait donc l’Elysée et Théo me fait le coup du « on vit ensemble ou je pars avec elle. »
Karine : - Et tu vas donc le rejoindre ?
Anne : - Nous allons parler... Tu vois, une femme bouddhiste peut aussi être emportée par ses sentiments... Allez... les médias vous raconteront peut-être... (elle part rapidement, comme électrisée) Kiss les filles...
Karine : - Mais c’est énorme, tu te rends compte Fanny !
Fanny : - Théo fait de sa vie un roman. Je lui ai toujours reproché d’être trop sentimental, qu’il a tort de croire en l’Amour, de se laisser emporter par l’idéalisation, d’encore croire au couple.
Karine : - Tu ne crois qu’en la baise ?
Fanny : - Mais non, avec Théo on a trouvé un équilibre, on fait l’Amour en plein don de soi. J’ai rarement atteint avec un homme un tel degré de confiance réciproque et d’abandon de soi. Mais il a fallu la construire, cette relation. Quand on s’est retrouvé sur le net, comme tu le sais ça, on s’est d’abord échangé un mail de temps en temps puis c’est devenu plus fréquent. Je suis venu le voir. Et même si tu croirais que c’est purement sexuel car nous avons fait l’amour sur le parking de l’aéroport, c’est pas le cas, tu sais qu’à 20 ans, lui et moi on était resté une heure nos bouches à pas plus qu’un jet de sarbacane comme chantait l’autre, et qu’on ne s’était pas embrassé.
(...)
(suite : extrait acte 3 de cette pièce de théâtre)
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